Une mauvaise alimentation pendant la grossesse hausse le risque de TDAH et d’autisme chez les enfants
Une vaste et importante étude portant sur plus de 60 000 paires mère-enfant indique qu’un régime alimentaire riche en graisses, en sucre et en aliments industriels ultratransformés pendant la grossesse est associé à un risque considérablement accru de TDAH et d’autisme durant l’enfance et l’adolescence.
Les troubles neurodéveloppementaux, en particulier le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et l’autisme, touchent respectivement environ 6% et 1% des enfants et adolescents. Les études réalisées auprès de familles et de jumeaux atteints de ces troubles indiquent qu’ils possèdent une composante héréditaire, possiblement due à l’action combinée de plusieurs gènes, dont l’expression est modulée par des facteurs liés aux habitudes de vie.
Ceci soulève l’intéressante possibilité que la hausse de la prévalence des cas de TDAH et d’autisme observée au cours des dernières années ne soit pas simplement due à un meilleur diagnostic de ces troubles, mais pourrait également faire intervenir certains éléments du mode de vie moderne qui favorisent leur développement.
Influence alimentaire
L’un de ces facteurs du mode de vie qui sont le plus susceptibles d’influencer l’incidence des troubles neurodéveloppementaux est l’alimentation maternelle, le fœtus étant évidemment entièrement dépendant de l’alimentation de la mère pour son développement.
Au cours de la grossesse, le placenta transfère de la mère au fœtus de multiples éléments biochimiques, qui sont absolument essentiels au développement du cerveau fœtal, comme les oméga-3 à longue chaîne, des vitamines (B, D et E, en particulier), des minéraux (iode, fer, zinc) et d’innombrables molécules organiques issues du métabolisme maternel. Puisque la transmission optimale de ces différents éléments de la mère à l’enfant requiert une alimentation de qualité, on pense que les importants changements qui se sont produits dans les habitudes alimentaires au cours des dernières décennies (en raison de l’arrivée massive de produits ultratransformés, entre autres) pourraient avoir un impact négatif sur le développement cérébral de l’enfant et hausser le risque de TDAH et d’autisme.
Hausse importante de risque
Ceci est bien mis en évidence par une importante étude danoise de grande envergure, dans laquelle les chercheurs ont analysé les habitudes alimentaires, les échantillons de sang et les diagnostics de TDAH et d’autisme dans quatre grandes cohortes indépendantes au Danemark et aux États-Unis, englobant plus de 60 000 paires mère-enfant (1).
Ils ont observé que les enfants nés de femmes qui avaient une alimentation de type occidental (riche en gras d’origine animale [saturés], farines raffinées, boissons sucrées et pauvres en fruits, en légumes et en poissons) durant leur grossesse avaient un risque augmenté de 66% de recevoir un diagnostic de TDAH et de 122% d’en recevoir un d’autisme. Chez les mères qui sont obèses et qui présentent un historique familial de ces troubles neurologiques, les hausses du risque sont vertigineuses et atteignent 118% pour le TDAH et 359% pour l’autisme.
Dans l’ensemble, les associations entre l’alimentation et le risque de TDAH et d’autisme sont les plus fortes au cours du premier et du second trimestre de la grossesse, ce qui suggère que le développement cérébral du fœtus durant cette période est particulièrement sensible aux apports nutritionnels de la mère. Une étude moléculaire faite par une analyse métabolomique complexe des échantillons de sang recueillis au cours de l’étude indique qu’au moins 43 métabolites différents présents dans le sang maternel sont associés au régime alimentaire occidental, dont 15 sont étroitement liés à l’augmentation du risque de TDAH. Ces molécules proviennent du métabolisme des graisses saturées et ont des effets pro-oxydants et pro-inflammatoires qui pourraient contribuer au lien observé entre ce type d’alimentation industrielle occidentale et les troubles neurodéveloppementaux. C’est une importante étape de plus réalisée par la recherche scientifique pour comprendre ce terrible fléau de nos sociétés contemporaines.
(1) Horner D et coll. A western dietary pattern during pregnancy is associated with neurodevelopmental disorders in childhood and adolescence. Nature Metabolism, publié le 3 mars 2025.
